On a bétonné le cimetière indien
C'en est un peu fini de ce blog, j'ai moins envie ou l'occasion d'y écrire des choses. D'abord parce que j'arrive mieux maintenant à savoir quels sont les lieux culturellement intéressants, et ceux dans lesquels on ne produit qu'un spectacle qui m'indiffère ou m'énerve de trop. ça m'évite des coups de nerfs qui finissaient ici sous forme d'articles. D'ailleurs, les boufonneries du genre "coupe de france de rock" et autres "hymnes de l'asm" ne se sont pas reproduits cette année... Dommage, c'était du sujet facile!
J'avais bien besoin de comprendre ce qui se tramait avec cette histoire de coopé et de politique culturelle de la ville (voire de la région), je crois que je suis provisoirement satisfait. Je trouve d'ailleurs des échos à propos d'autres villes. Pour un aperçu sur Toulouse et Marseille, je vous conseille le blog Article 11 : un peu partout, la tentation est bien d'habiller un vertigineux manque de sens d'un peu d'art et de culture... Ailleurs aussi, l'art et la culture sont des armes du genre colonial, plutôt que d'être la manifestation de l'esprit du coin. On défriche, on restructure, on "donne du sens" depuis... on ne sait où... avec on ne sait quelle intention...mais comme, objectivement (pour ne pas m'aventurer à dire que ça pourrait être fait exprès), ça sert aussi à aménager des centre ville au profit d'un nouvel esprit moderne-soft et riche (et que ça supplée très efficacement les efforts de la police ou des promoteurs pour tranquiliser les habitants), il se trouve que la culture dont on entend parler est nettement plus chargée d'accompagner un ordre social que de susciter des idées, des actions ou d'épauler des résistances. Eh bien je vous le dis tout net : cette culture moderne ne me nourrit pas du tout. Elle est complètement transparente et sans saveur. Je n'irai pas voir l'art dans des lieux spéciaux, à l'écart de là où je vis (et où je dors, du coup, dans un calme d'un triste! brisé seulement par le chant des soldats de la caserne voisine), organisé par des gens spécialisés avec qui je n'ai pas d'autre rapport que celui de payer leurs salaires. Donc ça ne se présente pas bien, nos vies culturelles, on va s'emmerder de plus en plus, je vous l'annonce! Corollaire : je vais m'aigrir. Et ça, j'aimerais bien y échapper. Et de deux choses l'une : si cette culture coloniale est partie à produire surtout de la séparation et de l'ennui, je ne suis pas d'accord; et d'autre part, renverser cette tendance passe aussi par l'action culturelle. Je me comprends. Voyez : je crois que je n'ai plus envie d'écrire dans ce blog...
Vous dire par ailleurs que je suis très triste de la victoire de l'équipe de rugby cette année. C'était bien d'être maudit. Oh, c'était une belle fête, sans doute, mais maintenant quoi? Qu'est-ce qu'il reste à accomplir ici? L'histoire est finie. Tout est fait. Il nous reste à reproduire : chaque année, le groupe de l'année, chaque année, le trophée de l'année... Je vous le dis : c'est un séisme culturel. Il en sortira probablement une grande fatuité, mais peut-être peut-on espérer qu'il va falloir trouver d'autres horizons. Je ne sais pas lesquels. J'espère qu'ils pourront être plus intéressants, je veux dire : plus conséquents!
Alors maintenant que faire? Hier soir au bistrot on a causé avec un authentique musicien, un pro qui tourne autour de la planète avec du jazz et du classique. Ce genre de profil n'existe pas dans le rock. Il avait l'air de dire : même pas aux amériques! Un gars qui fait de l'art pour l'art, donc, à ce qu'il m'a semblé. Tèrs bien. Je dis : je suis pour qu'il y ait une autonomie de l'art, il n'a pas forcément besoin d'être utile à quelque chose, ni à une ville, ni à une cause. Mais quand même, pour ma petite part, j'aimerais bien participer à des trucs artistiques articulés à un minimum de sens. Cette proclamation obscure sera expliquée plus tard, aussitôt qu'il faudra de nouveau écrire pour éliminer la pub que l'hébergeur colle sur ce petit espace virtuel quand on s'en absente trop longtemps...